Sélectionnez votre langue

Portrait de Raphaël Bischoffsheim. Anonyme.
Marc Heller © Observatoire de la Côte d’Azur

L’observatoire de Nice est implanté en 1879 au bord de la Méditerranée, au sommet du Mont-Gros, colline proche de la ville de Nice annexée à la France en 1860 à l’occasion de l’unité italienne. L’établissement naît de la rencontre entre un mécène, Raphaël Bischoffsheim (1823-1906) – fils de banquier, devenu mécène des sciences à la mort de son père en 1872 –, les astronomes parisiens du Bureau des Longitudes, dont Maurice Loewy (1833-1907), et l’astronome toulousain Joseph Perrotin (1845-1904), son premier directeur. Situé à 375 m d’altitude sous des cieux plus transparents que ceux de Paris et équipé d’excellents instruments, le nouvel observatoire a pour maître d’oeuvre Charles Garnier (1825-1898), « l’architecte le plus en vue d’Europe » depuis l’inauguration en 1875 du nouvel Opéra de Paris. La construction de la plus grande coupole tournante du monde est quant à elle confiée à l’ingénieur Gustave Eiffel (1832-1923), qui dans le même temps construit à Paris la fameuse Tour destinée à commémorer le premier centenaire de la Révolution.

Buste de Charles Garnier par Jean-Baptiste Carpeaux. Copie en résine d’après l’original du musée Chéret, Nice.
Marc Heller
© Observatoire
de la Côte d’Azur

Si les premières observations ont lieu sous la direction de Perrotin en 1881 – dès l’installation dans son abri d’un petit cercle méridien portatif –, le travail astronomique a en réalité commencé fin 1879 avec l’arrivée de Louis Thollon(1829-1887), spécialiste autodidacte du spectre du Soleil que Bischoffsheim a invité au Mont-Gros à la demande du directeur de l’Observatoire de Paris Ernest Mouchez (1821-1892).

Dès 1883 est mise en service une lunette équatoriale de 38 cm de diamètre inspirée, comme celle de l’observatoire de Bordeaux, de la lunette installée en 1835 à l’observatoire russe de Pulkovo. En 1887, un grand cercle méridien – équipement dont sont dotés tous les observatoires français à l’exception de l’observatoire d’astrophysique de Meudon – est installé dans un très vaste abri situé emblématiquement au sommet du Mont-Gros. En sus de mires proches au nord et au sud, il est équipé d’une mire lointaine placée à 6 km au nord sur le Mont-Macaron. En octobre de la même année sont inaugurés à l’occasion d’un grand congrès géodésique international « la plus grande lunette du monde » (76 cm de diamètre, 18 m de long) et la coupole flottante d’Eiffel (24 m de diamètre). À ce propos il convient de noter que, dans cette course aux plus grandes lunettes du monde – qui se poursuivra jusqu’au tournant du XXe siècle –, la lunette de Nice succède à celle installée à Pulkovo en 1886 et est elle-même supplantée dès 1888 par celle de l’observatoire Lick en Californie. Une lunette équatoriale dite « coudée » – inventée par Loewy en 1871 et dont il ne sera construit que sept exemplaires – complète en 1892 le programme instrumental niçois.

 

Henri Joseph Perrotin. Lithographie d’après photographie, Archives historiques OCA.
Marc Heller © Observatoire de la Côte d’Azur

Fin 1891 Perrotin demande à Bischoffsheim la création d’une annexe en altitude destinée à l’observation des planètes et de leurs satellites. Bien que réticent en raison de « la question de la vie matérielle là-haut », en 1893 le mécène accepte de financer une station d’observation équipée d’une lunette de 38 cm à proximité du sommet du Mont-Mounier (2 877 m) sur la commune de Beuil.

En 1899, soucieux d’assurer l’avenir de son observatoire, Bischoffsheim fait don de la nue-propriété de l’ensemble à l’Université de Paris récemment refondée. Dès 1900 un comité de direction composé de savants parisiens prend en main la destinée scientifique de l’établissement. Au décès du fondateur en 1906, l’Université de Paris prend possession de l’observatoire de Nice et de la station du Mont-Mounier.

Début 1904, pris de court par la mort soudaine à 58 ans de Perrotin, le comité de direction nomme à la tête de l’observatoire un général cadre de réserve, Léon Bassot (1841-1917), ancien directeur du Service géographique de l’Armée. 

Fin 1905, Bischoffsheim invite à Nice Henri Chrétien (1879-1956), jeune astronome autodidacte travaillant à l’observatoire de Meudon chez Henri Deslandres (1853-1948), pour y créer un service d’astronomie physique. Chrétien construit un spectrohéliographe pour lequel un pavillon-laboratoire est érigé au tout début des années 1910 sur la partie sud de la crête, en contrebas de la maison d’habitation dite « maison jumelle ». En mission au Mont-Wilson en 1910, l’astronome de l’observatoire de Nice y invente à la demande de George Ritchey (1864-1945) un télescope aplanétique dit « télescope Ritchey-Chrétien ».

Durant la direction de Bassot, l’établissement change deux fois de statut, passant tout d’abord en 1906 d’établissement privé à « annexe de l’Université de Paris » avec budget autonome et budget de l’État, puis devenant en 1913 « observatoire de province ». Les personnels sont progressivement intégrés dans le cadre de l’État.

La Première Guerre Mondiale désorganise complètement l’établissement.

À la mort de Bassot en 1917, Gaston Fayet (1874-1967), astronome parisien nommé à Nice en 1911, est nommé directeur. Sous sa direction l’observatoire de Nice se spécialise dans l’astrométrie, tandis que celui de Marseille se lance dans l’aventure astrophysique. Fayet participe en 1926 à l’opération mondiale des longitudes. En 1931 sont installés deux nouveaux instruments Zeiss obtenus à sa demande dans le cadre des dommages de guerre : un astrographe double dans une coupole accolée au pavillon-laboratoire du spectrohéliographe et un chercheur de comètes dans une coupole érigée à proximité de la lunette équatoriale coudée.

Fayet est remplacé en 1962 par Jean-Claude Pecker, jeune astrophysicien parisien, envoyé à Nice par André Danjon (1890-1967), alors directeur de l’Observatoire de Paris et maître de l’astronomie française.

En 1974 une station d’astronomie fondamentale moderne, le Centre d’Études et de Recherches Géodynamiques et Astrophysiques (CERGA), est créée sur le plateau de Calern à une cinquantaine de kilomètres de Nice. Située à près de 1 300 m d’altitude sur les communes de Caussols et de Cipières, la station est complétée par l’implantation de laboratoires et de services dans le quartier de Roquevignon à Grasse jusqu'en 2012.

En 1988 l’observatoire de Nice et le CERGA fusionnent pour donner naissance à un nouvel établissement : l’Observatoire de la Côte d’Azur (OCA). Rattaché à l’INSU/CNRS en tant qu’Observatoire des Sciences de l’Univers (OSU), l’OCA est alors doté du statut d’établissement public à caractère administratif (EPA) et implanté sur trois sites (Mont-Gros, plateau de Calern, Roquevignon à Grasse), dont il est affectataire.

En 2008, l’Observatoire de la Côte d'Azur a accueilli en son sein de nouveaux laboratoires relevant des sciences de la Terre et de l’Univers : Géoazur et Fizeau qui depuis a intégré le laboratoire Lagrange. L'OCA est présent sur quatre sites : le Mont-Gros et le campus de Valrose à Nice, Sophia Antipolis, et le plateau de Calern à Caussols..